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Présidentielle en RDC : Katumbi, Fayulu, Mukwege… pourquoi la multiplication des candidatures n’altère en rien les chances de victoire de l’opposition

Une présidentielle est censée se tenir en RDC fin décembre 2023 mais beaucoup en doutent... © DR 'Reuters/Finbarr O'Reilly)

L’élection présidentielle en République Démocratique du Congo doit se tenir en décembre prochain. Le président sortant, Félix Tshisekedi, qui a pris le pouvoir en 2019 suite à un accord (dont il nie l’existence) avec son prédécesseur Joseph Kabila, est accusé de vouloir confisquer le processus électoral.

En RDC, avant la date butoir pour le dépôt des candidatures à la présidentielle prévue le 8 octobre, les choses se précipitent.

Ce mardi 3 octobre, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix en 2018 pour son action en faveur des femmes violées dans l’est de la RDC, a déposé sa candidature à la CENI.

Quelques jours plus tôt, samedi 30 septembre, Martin Fayulu a indiqué qu’il ferait de même dans la semaine.

Quant à Moïse Katumbi, il a, lui aussi, comme le Dr Mukwege, déposé son dossier à la CENI ce mardi. Du moins tenté. Car, comme l’a indiqué Me Hervé Diakiese, le porte-parole d’Ensemble, l’organe chargé des élections a exigé le dépôt de certaines pièces originales. « Par fairplay, nous avons accepté cette requête », a fait savoir Me Diakiese, comme pour souligner le fait que celle-ci était superfétatoire.

Une énième tentative sans doute de mettre des bâtons dans les roues de la candidature de celui que Félix Tshisekedi considère, de loin, comme son rival le plus dangereux. « Posez-vous la question de savoir qui est visé à travers la proposition de loi Tshiani ? Et de qui a-t-on assassiné le porte-parole ? Et de qui encore a-t-on arrêté le bras droit et l’un de ses députés (Salomon Kalonda Della et Mike Mukebayi, NDLR) ? », fait mine de s’interroger un ancien ministre sous l’ère Kabila.

En attendant, c’est avec satisfaction que le camp Katumbi accueille les candidatures du Dr Mukwege, de Martin Fayulu mais aussi celle d’Augustin Matata Ponyo déposée le 9 septembre dernier. « Nous ne sommes pas des rivaux. Nous sommes du même côté. Nous partageons le même combat et faisons le même constat sur l’échec de Félix Tshisekedi. Son mandat a été catastrophique », explique un député du parti de M. Katumbi.

« Ce qui va réellement compter, c’est le degré de transparence et de régularité du scrutin »

Du côté des autres opposants, le son de cloche est le même. « L’intérêt de toutes ces candidatures, c’est qu’elles permettent de renforcer l’intérêt et l’attention de la communauté internationale pour ces élections. Il sera plus difficile pour M. Tshisekedi de tricher pendant le scrutin et de justifier de résultats truqués après », explique un proche d’Albert Moleka, conseiller spécial du Dr Mukwege. C’est un fait, un prix Nobel de la paix en campagne, cela attire forcément les médias, en particulier internationaux.

Mais le pouvoir n’aura-t-il pas beau jeu de tirer argument de cet éparpillement de candidatures du côté de l’opposition pour justifier l’éventuelle victoire de son candidat ? « Il ne faut pas avoir la mémoire courte », rétorque cet universitaire belge. « D’une part, un accord entre les opposants en vue d’une candidature unique n’est pas à exclure. D’autre part, en 2018, il y avait la même situation avec la candidature dissidente de Félix Tshisekedi. Cela n’a pas empêché Martin Fayulu, le candidat soutenu par une coalition d’opposants (dont Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba) de l’emporter avec plus de 60 % des suffrages face au candidat du pouvoir de l’époque ».

Et l’universitaire de souligner : « ce qui va réellement compter, c’est le degré de transparence et de régularité du scrutin. C’est ça la variable principale ».