Ils sont une vingtaine d’infirmiers de l’hôpital provincial du Nord-Kivu, plus connu sous le nom d’hôpital général de Goma, à avoir fait l’objet d’une décision de mutation dans d’autres structures sanitaires du Nord-Kivu. Leur tort ? Avoir dénoncé la mauvaise gestion qui prévaut, selon eux, dans cet établissement.
Selon Étienne Bulenda, le secrétaire exécutif de la solidarité syndicale des infirmiers du Congo, cela fait quelques jours que ces infirmiers ont reçu une notification de désaffectation de l’hôpital provincial en vue de leur mutation vers l’un ou l’autre des centres de santé installés en périphérie de la ville sans que cette décision ne soit dûment motivée.
Les centres périphériques concernés sont notamment situés dans la zone de santé de Goma, de Karisimbi (en ville de Goma), de Nyiragongo (dans le territoire de Nyiragongo), de Walikale (dans le territoire du même nom) et de Kirotshe (dans le territoire de Masisi).
C’est l’épilogue d’une affaire débutée il y a deux mois au moment où le personnel de l’hôpital provincial du Nord-Kivu avait dénoncé dans un mémorandum des détournements de fonds alloués à cette structure sanitaire publique, ainsi que la mort d’une femme due selon eux à la négligence des médecins.
Selon Etienne Bulenda, il ne faut pas chercher plus loin les raisons de cette décision de mutation de la vingtaine d’infirmiers. « Nous ne regrettons pas d’avoir dénoncé la mégestion qui prévaut au sein de l’hôpital. Dans notre mémo, nous avions pointé du doigt un grand nombre de dysfonctionnements dont le tribalisme, les détournement de fonds, etc. Mais il fait peu de doute que le fait d’avoir signé ce mémo soit à l’origine de notre mutation de l’hôpital », déplore-t-il.
Lundi 29 octobre, les infirmiers visés par cette décision de mutation se sont rendus au bureau de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu pour y rencontrer les députés provinciaux afin de solliciter leur implication. « Nous sommes venus vous apporter le recours que nous avons adressé à l’autorité provinciale », ont-ils déclaré.
Une telle mutation visant un aussi grand nombre d’infirmiers est une première dans l’histoire de cet établissement. « C’est la première fois que nous constatons un mouvement de personnel aussi important. En général, un ou deux agents quittent l’hôpital pour raison disciplinaire ou sur demande parce qu’ils veulent travailler ailleurs », précise un syndicaliste. « Mais un cas comme ça, c’est du jamais vu ! », s’exclame-t-il.
Outre des conditions de travail dégradées, les infirmiers mutés craignent que lorsqu’ils seront envoyés à l’intérieur de la province, leurs salaires ne soient plus payés mais détournés par leur hiérarchie.