Les drapeaux aux couleurs de la majorité fleurissent à Goma, la capitale provinciale, tout comme les affiches publicitaires vantant les mérites des candidats du pouvoir qui posent aux côtés de l’omniprésent Joseph Kabila.
Depuis l’annonce de la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary à l’élection présidentielle de décembre 2018 sous la bannière du Front commun pour le Congo (FCC), la campagne électorale a, semble-t-il, déjà commencé à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
En effet, sur les artères principales de la ville, les drapeaux des partis politiques de la majorité présidentielle ont été accrochés aux poteaux d’éclairage public. Un dispositif complété par de grandes affiches placardées sur les panneaux publicitaires, présentant les photos du président de la République en compagnie du candidat de la majorité, Emmanuel Ramazani Shadary et des députés nationaux du FCC (voir photo).
Une pratique illégale sur laquelle la CENI ferme les yeux
Cette affichage n’est pas du goût de l’opposition politique qui dénonce cette pratique et parle d’une campagne précoce qui, d’ailleurs, aurait débutée bien avant la désignation du dauphin par Joseph Kabila, dès le dépôt des candidatures pour les élections législatives nationales et provinciales.
Pour maître Jean Paul Lumbu Lumbu, le président national du Parti Libéral pour le Développement (PLD), un parti d’opposition membre de la plateforme électorale Ensemble qui soutient la candidature de Moïse katumbi, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) devrait faire respecter la loi.
« C’est une pratique illégale car la loi électorale interdit formellement une campagne précoce. La date de la campagne électorale est connue. Elle a été fixée au mois de novembre prochain. Mais nous constatons qu’il y a de grandes affiches qui sont installées par les acteurs de la majorité présidentielle et cela en violation de la loi », s’insurge l’opposant.
Impunité pour la majorité présidentielle qui est pourtant dans l’illégalité
Mais la majorité présidentielle semble, de fait, jouir d’une forme d’impunité. « Nous constatons malheureusement que ceux qui le font, et qui sont membres de la majorité présidentielle, n’ont pas été sanctionnés jusqu’à présent. Si cela avait été le fait de l’opposition, des mesures coercitives auraient été prises rapidement », regrette-t-il, en faisant remarquer que « maintenant que la majorité a commencé, l’opposition va être obligée de lui emboîter le pas. C’est regrettable mais il est impossible de faire autrement », déclare maître Jean Paul Lumbu Lumbu.
Et celui-ci de conclure en souhaitant que « s’il n’y a pas des sanctions prises contre la majorité présidentielle, nous espérons qu’il y en n’aura pas également contre l’opposition. Il ne saurait y avoir deux poids deux mesures. »
La campagne électorale pour les élections du 23 décembre 2018 en RDC a été fixée du 20 novembre au 21 décembre prochain.