L’émotion est immense. Luc Nkulula, célèbre activiste, figure du mouvement citoyen La Lucha en République Démocratique du Congo, est mort ce dimanche 10 juin vers 2h00 du matin, brûlé vif dans sa maison du quartier Himbi à Goma. Depuis ce matin, des voix s’élèvent pour demander une enquête internationale afin que la lumière soit faite sur les circonstances exactes de ce drame.
Il était sans doute l’une des figures les plus connues des mouvements citoyens en RDC. L’une des plus appréciées aussi en raison de son engagement – total –, de son intransigeance – à l’égard du régime au pouvoir – et de son humanisme – l’auteur de ses lignes, qui l’a rencontré à plusieurs reprises, peut en attester.
Luc Nkulula est mort ce dimanche 10 juin vers 2h00 du matin, parti trop tôt à l’âge de 33 ans dans l’incendie qui a ravagé son domicile situé dans le quartier Himbi à Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est du pays.
Aussitôt la triste nouvelle annoncée, les louanges ont afflué de toutes parts. L’hommage est unanime. « Tu étais l’incarnation même de notre intrépidité, de notre esprit rebelle, de notre amour sans borne pour le Congo », a écrit sur son compte Twitter La Lucha. « J’ai perdu plus qu’un ami. J’ai perdu un frère […] Tu aurais pu attendre encore un peu », a réagi Fred Bauma, l’une des figures de ce mouvement citoyen, toujours sur Twitter.
« Héros de la démocratie », « icône de la jeunesse congolaise »
Au fil du temps, Luc Nkulula s’était bâti une notoriété au-delà des frontières du Congo-Kinshasa. Il était un interlocuteur privilégié pour les organisations de défense de droits de l’Homme, ainsi que pour les journalistes. Beaucoup le regrettent et le pleurent aujourd’hui, à l’instar d’Ida Sawyer de Human Rights Watch. « La RDC vient de perdre un héros de la démocratie et l’un des activistes les plus courageux », lui qui a lutté toute sa vie « pour un meilleur Congo et le respect des droits dans son pays », a-t-elle écrit sur Twitter. Timo Mueller, chercheur sur la RDC à Human Rights Watch, rappelle sur Facebook que Luc Nkulula était « devenu l’une des icônes de la jeunesse congolaise ce jour du 22 décembre 2016 lorsqu’il s’est tenu debout sur un camion de police, le point levé comme pour défier la répression des manifestations par le pouvoir [contre la prolongation du mandat de Joseph Kabila]. »
Face aux circonstances troubles de ce drame et du contexte politique très tendu dans lequel il intervient (exacerbé par la volonté du président en place de passer en force pour imposer un troisième mandat), plusieurs voies se sont élevées pour demander à la Monusco de sécuriser les lieux afin qu’une enquête internationale puisse être diligentée et la lumière faite sur ce qui pourrait être un accident mais tout aussi bien un meurtre.