Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, accueille depuis mardi et durant cinq jours les assises de la 10ème session de la Commission permanente mixte, défense et sécurité entre la RDC et la Zambie. Des assises qui se tiennent dans un climat très tendu et qui ont été émaillés par divers incidents.
Par Héritier Yindula, notre correspondant à Lubumbashi et dans le Grand-Katanga
Parti ou ne partira pas ? Depuis mars dernier, l’armée zambienne est présente sur le territoire congolais, au niveau des villages de Kubanga et Kalubamba dans la province du Tanganyika. Désormais, Zambie et RDC se disputent ces deux localités frontalières pourtant bien situées sur le sol congolais où les soldats zambiens ont planté le drapeau zambien et retiré le drapeau congolais, défiant ainsi l’autorité centrale de Kinshasa.
Ce qui est devenu un contentieux territorial a été transmis à la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cette dernière, qui privilégie une solution pacifique par le dialogue, avait sommée la Zambie de quitter ces localités. Mais cet appel est resté pour l’heure lettre morte.
C’est dans ce contexte, pour le moins tendu, que s’est ouverte mardi 11 août 2020 au Pullman Grand Karavia de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, la 10ème session permanente défense et sécurité entre les deux pays. Les délégations zambienne et congolaise, élargies aux gouvernements provinciaux des provinces frontalières de la Zambie, sont censés durant cinq jours de travailler de concert sur des questions essentiellement sécuritaires d’intérêt commun aux deux pays.
Vraie ou fausse tentative d’assassinat de Gilbert Kankonde
En attendant le communiqué final qui doit intervenir ce samedi, deux incidents sont venus ternir ces assises. Le premier s’est déroulé ce jeudi dans le chic quartier Golf aux abords de l’hôtel où se déroulent les travaux. Deux personnes armées ont été interpellées par les services de sécurité, épaulées par des militants de l’UDPS. Elles sont soupçonnées d’avoir voulu commettre une tentative d’assassinat sur la personne de Gilbert Kankonde, le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur, de la sécurité et des affaires coutumières.
Pour les militants locaux de l’UDPS, le parti de Kankonde, ces hommes seraient issus des rangs du FCC, pourtant son allié au pouvoir, mais avec lequel les relations sont de plus en plus tendues. Ils se seraient infiltrés parmi les hommes chargés d’assurer la sécurité afin d’abattre le ministre. Une version réfutée par les responsables du FCC, la formation politique de l’ex-président Joseph Kabila.
Après leur interpellation, les deux hommes ont été conduits au poste de la 22ème région militaire pour y subir un interrogatoire. Selon la version officielle, ils seraient en réalité des éléments du bureau 2, un service chargé du renseignement. Ils avaient bien été autorisés à porter une arme sur le lieu de la manifestation. Une version qui ne convainc cependant pas les militants de l’UDPS. Ceux-ci restent persuadés qu’une tentative d’assassinat du ministre Kankonde a été déjouée in extremis.
En attendant le fin mot de l’Histoire, cet épisode illustre les relations de plus en plus tendues entre l’UDPS et le FCC. Les militants des deux bords sont désormais à couteaux tirés.
Le Tanganyika claque la porte
Autre incident, cette fois-ci diplomatique : La Zambie a opposé une fin de non recevoir à tout un pan du projet de communiqué final. La partie congolaise tenait que soit inscrite la mention : « incursion ou occupation de l’armée zambienne sur le territoire congolais ». Une formulation catégoriquement refusée par la Zambie qui souhaite se contenter d’ « un incident frontalier sans aucune gravité ni dégâts collatéraux majeurs ». Outré, le ministre provincial de l’Intérieur du Tanganyika, Dieudonné Kamona Yumba, et sa délégation ont claqué la porte ce jeudi.
C’est donc dans cette ambiance très tendue que se déroulent ces assises, décidément très mouvementée. Clôture prévue ce samedi 15 août.