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Les critiques du ministre de la Défense de la RDC à Moscou contre les Américains et les Européens passent (très) mal

Félix Tshisekedi et Vladimir Poutine en octobre 2019 à Sotchi lors du Sommet Russie-Afrique © DR

En déplacement dans la capitale russe cette semaine, Gilbert Kabanda a dénoncé les « sanctions subjectives », les « chantages » et les « blâmes » dont la RDC ferait l’objet. S’il ne les cite pas explicitement, ce sont les Occidentaux que vise le ministre de la Défense RD congolais.  

« La Fédération de Russie, en bon ami, s’est toujours abstenue de nous faire des chantages, des blâmes ou sanctions subjectives », a déclaré vendredi 19 août le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda, en séjour à Moscou.

Ces propos, qui interviennent alors que la Russie poursuit sa guerre contre l’Ukraine dont elle occupe une partie du territoire, vise en réalité les Occidentaux qui font « pression » en vue de l’organisation d’élections régulières en 2023 en RDC, comme ils l’avaient fait en 2018 du temps de Joseph Kabila.

Il y a dix jours, lors de sa venue à Kinshasa, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a rappelé la nécessité pour ce géant d’Afrique centrale d’organiser des élections « inclusives » et à « bonne date », c’est-à-dire sans glissement conformément à la Constitution (donc en 2023).

« (Ces élections sont) très important(es) pour la RDC. Mais ça dépasse la RDC. Nous sommes dans un moment de recul démocratique dans pas mal de pays à travers le monde. L’exemple que la RDC peut montrer avec des élections qui ont lieu à temps et sont réellement inclusives peut avoir un impact à travers le continent et dans le monde. C’est ce que nous, Etats-Unis, attendons. Ce sont les conversations que j’ai eues avec le président de la République et le président de la CENI. Je repars (aux Etats-Unis) avec la conviction que ce sera le cas », a déclaré le 10 août dernier le secrétaire d’Etat américain au micro de Top Congo FM.

Deux jours plus tard, le président de la CENI a assuré, en public, que les élections se tiendraient bien en 2023 avec le vote semi-électronique (donc avec des bulletins papiers), et non électronique comme les proches de M. Tshisekedi avaient tenté de l’imposer. Denis Kadima a par ailleurs indiqué que les résultats seraient bien publiés « bureau de vote par bureau de vote » d’abord dans chaque bureau de vote, puis dans les centres locaux de compilation et enfin au niveau central à Kinshasa sur le site internet de la CENI (et non dans l’ordre inverse comme le laissait sous-entendre la loi récemment votée).

Kadima convoqué à l’ANR

Deux dispositions qui permettent de réduire grandement le risque de fraude mais qui ne font pas les affaires de M. Tshisekedi (et qui ont d’ailleurs valu quelques jours plus tard au président de la CENI une convocation à l’Agence nationale de renseignements « pour explication » ; mais celui-ci est resté droit dans ses bottes). Il faut dire qu’à la régulière, l’actuel président, installé au pouvoir en janvier 2019 par la grâce de son prédécesseur, le sait : il n’a quasiment aucune chance d’être reconduit.

Ceci expliquerait-il les propos du ministre RD congolais de la Défense ? Dit-il tout haut ce que M. Tshisekedi et/ou son proche entourage pense(nt) tout bas ? En attendant, c’est peu de dire qu’à Washington comme dans les capitales européennes, les déclarations de Gilbert Kabanda passent mal, très mal.