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La RDC refuse de délivrer un visa aux avocats belges de Salomon Kalonda, le bras droit de Moïse Katumbi, pour assurer sa défense

Dans les milieux politco-diplomatiques à Kinshasa, Salomon Kalonda Della est qualifié de "prisonnier personnel de Félix Tshisekedi" © DR

Cette décision, à vrai dire attendue, constitue un signal inquiétant quant au respect des droits du bras droit de Moïse Katumbi dont le procès, devant une juridiction militaire, doit se poursuivre ce lundi 18 septembre. 

« Visa refusé ! », déplore l’avocat belge Alexis Deswaef qui, avec son confrère, Me Dimitri de Beco, avait introduit début septembre une demande de visa auprès de l’ambassade de RDC en Belgique afin de pouvoir assister leur client, Salomon Kalonda Della, lors de la deuxième audience de son procès programmée le 18 septembre prochain devant la Cour militaire de la Gombe.

« On m’a dit ce mardi (12 septembre, NDLR) : avis défavorable depuis Kinshasa. Nos passeports nous ont été rendus », relate Me Deswaef, joint par téléphone. Pour lui et Me de Beco, « c’est une violation flagrante des droits de la défense. Une preuve de plus que Salomon Kalonda est un prisonnier politique aux mains des plus hautes autorités congolaises. »

Et de poursuivre : « quelle lamentable fuite en avant du président Tshisekedi face à l’opposition politique congolaise. Sa crainte de perdre les élections à venir font qu’il ne recule devant rien », y compris les « violations des droits humains et arrestations arbitraires, comme il l’a annoncé lui-même dans son récent discours. »

Une référence aux propos tenus fin juin à Kananga par le chef de l’Etat RD congolais lorsqu’il a affirmé qu’il n’avait aucune leçon de démocratie à recevoir et qu’il ne s’embarrasserait pas de considérations liées aux droits de l’Homme. Quelques jours plus tard, le 12 juillet, Cherubin Okende, le porte-parole du parti d’opposition Ensemble, était assassiné. Depuis des journalistes ont été interpellés (Peter Tiani, Stanis Bujakera…) et, le 30 août dernier, un massacre a été perpétré à Goma (plus de 50 morts) par les éléments de la Garde républicaine, l’unité chargée de protéger Félix Tshisekedi.

Prisonnier personnel de Félix Tshisekedi

Salomon Kalonda Della, lui, a été arrêté le 30 mai dernier sur le tarmac de l’aéroport. L’ordre a été donné par Félix Tshisekedi en personne le 22 mai. Après dix jours dans un cachot de l’ex-Demiap, les services de renseignement, M. Kalonda Della a été transféré à la prison militaire de Ndolo. Son procès a débuté le 17 août dernier devant la Cour militaire de la Gombe. Une seconde audition est programmée le 18 septembre prochain. Ses avocats, à Kinshasa comme à Bruxelles, dénoncent à l’unisson un procès aux motivations purement politiques. Salomon Kalonda Della est en effet le bras droit de Moïse Katumbi et, au-delà, la pièce maitresse de l’opposition en RDC, réputé pour ses talents de stratège et d’organisateur. Ces dernières semaines, sa santé s’est considérablement dégradée, comme l’ont constaté trois médecins mandatés par les autorités carcérales.

A trois mois et demi de la date (théorique) des élections, le régime de Félix Tshisekedi s’est lancé dans une entreprise de persécution systématique de l’opposition. La mise hors-jeu de Salomon Kalonda en est l’une des illustrations les plus flagrantes.