Les notables du Nord-Kivu ont donné une semaine au maire de la ville de Goma pour prendre les mesures idoines afin d’enrayer la recrudescence du banditisme urbain, et en particulier des pillages collectifs qui se sont multipliés depuis le mois d’août.
Dans une correspondance datée du 17 septembre 2018 et adressée au maire de la ville de Goma, les notables de la province du Nord-Kivu dénoncent ce qu’ils qualifient « l’inaction des autorités locales » pour endiguer l’insécurité grandissante dans plusieurs quartiers de la ville de Goma, notamment Majengo, Katoyi, Kasika, Mabanga Nord et Mabanga Sud.
Depuis le mois d’août dernier, des scènes de pillages ont eu lieu dans ces quartiers par des groupes d’individus. Il s’agit aussi bien d’hommes, de femmes que d’enfants, porteurs d’armes à feu et d’armes blanches. Beaucoup imputent la responsabilité de ces razzias à des éléments des FARDC dont la solde n’a pas été payée et qui auraient reçu pour consigne officieuse de venir se servir auprès de la population. Dans leur courrier, les notables du Nord-Kivu évoquent même le cas du kidnapping d’un enfant de deux ans dans le quartier Ndosho qui n’a été relâché contre rançon qu’au terme de 85 jours de captivité.
Tout cela contribue à élever un peu plus le niveau d’insécurité déjà très grand dans la ville de Goma. Face à cette situation, le collectif des notables du Nord-Kivu fustige l’immobilisme de la mairie, mais aussi de la police nationale congolaise, des forces armées de la RDC, de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et de la Monusco. Les notables ne comprennent pas en particulier que de telles scènes de pillage puissent se produire de manière répétée et en toute impunité.
Une semaine pour prendre les mesures qui s’imposent
Ce mardi, maître Jean Paul Lumbu Lumbu, l’une des figures de ce collectif de notables, a lancé un ultimatum au maire de Goma, Mwisa Kiense. « Le maire dispose d’une semaine à compter de ce lundi pour mettre un terme aux pillages nocturnes des biens de la population. A défaut, des actions populaires seront entreprises pour mettre un terme à cette insécurité », a indiqué maître Jean Paul Lumbu Lumbu, citant notamment en exemples des marches pacifiques, des sit-in devant le bureau du maire ou de ceux de la Monusco.
Pour rappel, les habitants des quatre quartiers précités (Majengo, Katoyi, Kasika, Mabanga Nord et Mabanga Sud) de la ville Goma, chef lieu du Nord-Kivu à l’est de la RDC, ne passent depuis plus d’un mois plus une nuit sans que les hommes en armes ne s’introduisent aux domiciles de certains d’entre eux. Comme aucune mesure n’a encore été prise jusqu’à présent de la part des autorités pour y remédier, les habitants sont contraints de veiller en chantant et sifflant afin de dissuader les bandits de ne pas se livrer à des pillages, devenus tristement rituels.