Accueil Politique

Guerre à l’est de la RDC : Pourquoi Moïse Katumbi refuse de signer un chèque en blanc à Félix Tshisekedi

Moïse Katumbi saisit... mollement la main tendue par Félix Tshisekedi © DR

Dans un communiqué diffusé ce mardi 8 novembre, le président d’Ensemble pour la République a accepté la main tendue du président Tshisekedi lors de son appel à l’unité nationale le 3 novembre dernier. Il l’a cependant assortie de conditions et de… mises en garde.

« Face à la gravité de la situation à l’est, Ensemble entend répondre à l’appel du Chef de l’Etat au nom de l’intérêt supérieur de la Nation », indique Moïse Katumbi dans un communiqué diffusé ce mardi 8 novembre.

Pour autant, il s’agit d’un « oui » conditionné. Dans son communiqué, le président d’Ensemble liste 12 propositions portant sur les aspects militaire, diplomatique, institutionnel et politique. Il s’agit tout à la fois de « doter les soldats des moyens dignes en comparaison de ceux qui sont alloués aux représentants du peuple dans les Institutions », d’« éviter de recourir aux troupes étrangères dont les gouvernements sont accusés ou soupçonnés de prêter main forte aux rebelles », de « réduire le train de vie de l’Etat et affecter prioritairement les recettes et ressources actuellement vantées au profit des victimes de la guerre », de « libérer les prisonniers politiques et d’opinion » ou encore d’« organiser des élections régulières, transparentes, inclusives dans le respect de la Constitution ».

Superficialité et duplicité

Moïse Katumbi met par ailleurs en garde contre toute forme de superficialité (« il est impératif de traiter les causes, et non les conséquences qui ont abouti, aujourd’hui comme hier, à la guerre dans l’Est du pays (car) il faut craindre que les mêmes causes produisent interminablement les mêmes effets ») ; mais aussi de duplicité (« Il est possible de mettre un terme à cette guerre dans l’est du pays et de prévenir tout conflit de ce type à l’avenir. A condition d’en avoir réellement la volonté, d’agir dans la sincérité et d’être dénué d’arrière-pensées politiciennes. Cette sincérité ne se décrète pas. Elle se prouve »).

Si l’ex-gouverneur du Katanga fait preuve d’autant de prudence, voire de circonspection, c’est que, d’une part, les engagements pris par M. Tshisekedi dans le cadre de l’Union sacrée pour la Nation (USN) n’ont pas été respectés. D’autre part, nombreux sont ceux à considérer que l’appel de Félix Tshisekedi à l’unité nationale lancé le 3 novembre dernier a davantage un but politique.

Glissement

Ce pourrait être pour lui un moyen de faire partager l’échec de la guerre à l’est (dont il a en partie créer les conditions) aux autres leaders politiques (comme il a déjà tenté de le faire pour les deux premières années – ratées – de son mandat en créant l’USN). Mais aussi faire taire les critiques de l’opposition précisément à un moment où celles-ci auraient beaucoup à dire. Ou encore, sinon de retarder la date des élections et justifier d’un éventuel glissement, à tout le moins d’entraver l’entrée en campagne de ses potentiels adversaires.