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Goma : un réseau de contrefaçon de cartes d’électeurs démantelé

De fausses cartes d'électeurs et du matériel de contrefaçon ont été saisis à Goma aujourd'hui © DR

Plusieurs jeunes ont été interpellés aujourd’hui par la police. Leur motivation serait d’ordre financière. Il n’empêche, ce fait divers ravive les craintes vis-à-vis d’un processus électoral, pour l’heure, bien mal emmanché. 

C’est le maire de la ville de Goma qui a présenté ce vendredi à son bureau plusieurs jeunes, arrêtés quelques heures plus tôt par la police. Parmi eux, certains auraient commis des vols par armes à feu, d’autres auraient fabriqué de fausses cartes d’électeurs.

Pour le maire de Goma, Mwisa Kiense, fabriquer de cartes d’électeurs constitue, dans les circonstances actuelles, un trouble sérieux à l’ordre public. « Les personnes interpellées vendaient de fausses cartes d’électeurs, notamment à des ressortissants rwandais et ougandais. Cela représente un danger pour les élections à venir. Car avec de telles cartes, on pourrait demain bourrer les urnes et après, il y a aura des contestations pour fraude », a déclaré l’édile. « Aujourd’hui, ils fabriquent des cartes d’électeurs. Mais demain, ils pourraient fabriquer de faux bulletins de vote mais aussi des machines à voter », a-t-il ajouté.

Désormais, le sort des personnes arrêtées est entre les mains de la Justice, a confirmé le maire qui a appelé la population de Goma à la vigilance, l’invitant à dénoncer toute personne qui se livrerait à de pareils actes.

Crainte sur le processus électoral

Pour anecdotique qu’il puisse paraître, cet événement contribue à éroder un peu plus la confiance vis-à-vis d’un processus électoral bien mal engagé. Celui-ci se déroule dans un climat de crispation politique intense, avec de nombreux opposants et activistes qui croupissent en prison, sans compter les entraves à la liberté de manifestation et de réunion visant l’opposition. Un processus électoral qui, pour l’heure, n’est pas inclusif, comme l’imposait l’accord de la Saint-Sylvestre. Moïse Katumbi en particulier, l’opposant le plus redouté par Joseph Kabila, n’a pu encore déposer sa candidature.

Par ailleurs, le pouvoir continue de vouloir imposer l’usage de machines à voter à la fiabilité très douteuse, ainsi qu’un fichier électoral vicié à plus de 25 % selon l’OIF. Enfin, la CENI, l’organe chargé de l’organisation des élections, est présidé par Corneille Naanga, un des affidés de Joseph Kabila. Quant à la Cour constitutionnelle, qui est le juge du contentieux électoral pour le scrutin présidentiel, son effectif a été remanié il y a quelques semaines à peine pour y intégrer des personnalités proches du président (hors mandat).