Cette semaine, les habitants de la ville de Goma dans le Nord-Kivu ont une nouvelle fois vécu avec la peur au ventre. Les cambriolages se sont multipliés dans certains quartiers, venant alimenter un niveau d’insécurité déjà très élevé. La population soupçonne des éléments des FARDC d’en être les auteurs.
Cela fait quelques temps désormais que dans les quartiers Mabanga Nord et Sud, Katoyi et Majengo, des hommes en armes opèrent de 21 heures jusqu’à minuit sans être inquiétés par les autorités.
Selon le témoignage de plusieurs habitants, les hommes en tenue cyglée « PM » (police militaire) dévalisent les maisons. « Ils sont entrés sur la parcelle de mon voisin ; ils ont forcé la porte, ont pris l’argent, les téléphones, la télévision et la radio », raconte un habitant du quartier Katoyi qui a, lui, échappé de peu à la même mésaventure grâce à l’alerte donnée par l’un de ses voisins.
Selon d’autres témoignages, ces bandits armés opèrent en bande et sont accompagnés de leurs femmes et enfants. « Lorsqu’ils prennent les appareils électriques, ils les donnent directement à leurs femmes et à leurs enfants qui les amènent à leurs domiciles », explique un autre habitant du quartier Mabanga Nord sur l’avenue Kindu 2 qui a assisté à plusieurs reprises à des scènes similaires en l’espace de quelques jours à peine.
Selon certaines sources sécuritaires, ce serait des éléments des FARDC qui commettraient de tels forfaits. Leur solde n’étant pas payée, ces derniers auraient reçu pour consigne de « se prendre en charge », nous indique-t-on, autrement dit de se payer directement sur le dos de la population.
Un chef d’avenue du quartier Mabanga Nord, sous couvert d’anonymat, précise avoir déjà alerté sa hiérarchie militaire suite à ces cambriolages mais celle-ci n’a jamais donné suite à ses alertes. Une situation qu’il juge très préoccupante car « la population est à bout de nerf », juge-t-il.
« Je vais me procurer une arme car trop c’est trop »
Face à l’inaction des autorités, certains jeunes ont décidé de se prendre en charge. Un habitant rencontré ce samedi matin au quartier Katoyi est dans cet état d’esprit. « Je vais me procurer une arme car trop c’est trop. Si nous ne prenons pas en charge notre propre sécurité, personne ne le fera à notre place », estime-t-il dans un ras-le-bol évident.
Pourtant, il y a quelques jours la police avait mis en place deux numéros verts que la population pouvait appeler pour signaler de tels cambriolages. « J’ai appelé ces deux numéros verts donnés par la police. L’un était fermé et sur l’autre, personne ne décrochait », indique un jeune homme qui grâce à ses cris a réussi hier soir vers 23 heures à faire fuir les bandits qui tentaient de pénétrer chez lui.
Quand bien même ceux-ci ne tuent pas, il leur arrive de blesser leurs victimes car ils sont munis d’armes à feu, de couteaux, de machettes ou encore de pioches dont ils se servent pour défoncer les portes.