Le weekend dernier, un terrible incendie ravageait Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu. Faute de moyens, les autorités n’ont pu faire face à ce drame au bilan très lourd (200 maisons détruites, 2 000 sans abris), qui pose la question des moyens alloués à la protection civile. Une question qui se pose partout en RDC. Exemple à Goma, dans le Nord-Kivu.
Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants à Goma
La ville de Goma, avec ses plus d’un million d’habitants qui vivent pour la plupart dans des maisons en planche, est victime d’incendies récurrents. Ceux-ci sont dus le plus souvent à des accidents ménagers ou à des court-circuits de courant électrique, sans compter les incendies d’origine criminelle. Dans la capitale du Nord-Kivu, pas un mois ne se passe sans qu’un feu ne soit signalé, entraînant la perte de vies humaines et causant de lourds dégâts matériels.
Mais paradoxalement face à la montée des risques, les capacités d’intervention de la protection civile diminue. Et pour cause, celle-ci n’a plus les moyens de le faire. A Goma, voilà bientôt un an que le seul camion anti-incendie du service de protection civile de la ville est tombé en panne. Depuis, celui-ci, faute de moyens financiers, n’a jamais été réparé.
Lors de sa dernière venue à l’assemblée provinciale du Nord-Kivu, le gouverneur Julien Paluku avait pourtant annoncé l’achat de deux camions anti-incendie flambant neufs. Mais cette promesse est restée à ce jour lettre morte.
En attendant, les drames se succèdent les uns aux autres, sans que les autorités politiques ne semblent réagir. Ce dimanche 19 août, vers 23 heures heure locale, dans le quartier Katoyi situé dans la périphérie Sud de la ville, Jolie, une jeune fille âgée de 17 ans, élève en 4ème année de secondaire au complexe scolaire KAMS/HSS, a perdu la vie dans l’incendie de sa maison. La victime se trouvait dans sa chambre au moment du drame. Elle a appelé au secours. Son corps a été retrouvé complètement calciné.
Selon le témoignage des voisins, le bilan humain aurait été pire s’ils n’étaient pas eux-mêmes intervenus. « Nous avons tenté de sauver la jeune fille, comme nous l’avons fait pour deux autres membres de sa famille [son père et sa mère, tous deux grièvement blessés], ainsi qu’un nourrisson [éjecté de justesse par la fenêtre mais dont la tête a heurté une grosse pierre dans sa chute ; il serait actuellement entre la vie et la mort]. Mais cela n’a pas été possible car le feu était à ce moment-là trop important. Si un camion anti-incendie s’était déplacé rapidement, le feu aurait pu être circonscrit plus rapidement et le drame probablement évité », explique avec désarroi l’un d’entre eux. De fait, un véhicule anti-incendie s’est bien déplacé sur les lieux du drame. Mais il s’agit de celui de la Monusco. Le feu s’étant propagé aux maisons voisines, le bilan matériel est également lourd.
Un autre incendie s’est déclaré dans la même nuit dans le quartier Birere, sans faire de victime. Cela n’a malheureusement pas été le cas il y a deux mois : une femme et ses quatre enfants ont eux aussi péri dans un incendie. Et une fois de plus, seuls les voisins ont essayé de faire ce qu’ils pouvaient.
Dans la nuit du samedi au dimanche 10 juin, c’est la vie de Luc Nkulula, l’un des fondateurs de la Lucha, qui a été emportée par les flammes qui ont ravagé sa maison. Reste que cette fois-ci, l’incendie pourrait fort bien être d’origine criminelle. C’est ce que pense en tout cas le mouvement citoyen. Une enquête judiciaire a été ouverte au lendemain du drame mais beaucoup doutent qu’elles puissent faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame.