Le maire de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, a levé samedi soir, la mesure, prise quatre jours plus tôt, limitant la circulation à partir de 21h00.
Dans un communiqué officiel, Timothée Muissa Kense a de nouveau autorisé la population à vaquer librement à ses occupations au-delà de cet horaire. L’autorité urbaine a invité les services de sécurité et de l’ordre à observer cette disposition.
Cependant, certains habitants de Goma se posent des questions. « Comment peut-on lever une mesure, certes impopulaire, moins de 4 jours après l’avoir prise, qui plus est sans communiquer sur son efficacité en disant, par exemple, combien d’armes ont été saisies, combien de bandits ont été arrêtés, etc. ? », s’interrogent ce professeur des écoles.
Selon de très nombreux témoignages, la mesure limitant la circulation à 21h00 n’était de toute façon pas respectée. Un motard déclare avoir travaillé au-delà de la limite horaire fixée, précisant qu’il transportait nuitamment des clients allant ou sortant de boîtes de nuit.
« Le premier jour, j’ai rencontré des militaires et des policiers à 22h00 mais ils m’ont laissé passer. Le deuxième jour, toujours vers 22h00, je suis tombé sur d’autres agents des forces de l’ordre. Ils m’ont arrêté et ont pris mon argent, mon téléphone, puis ceux de mon client », déclare ce motard.
A Goma, la mesure d’interdiction de circuler avait été très critiquée. Certaines sources, proches du dossier, évoquent un excès de zèle du maire car les troubles et manifestations qui se sont déroulés ces derniers jours dans le nord de la ville, et qui justifiaient aux yeux du maire une telle mesure, étaient dus au déguerpissement des habitants de leurs maisons dans deux villages situés sur le territoire de Nyiragongo qui n’est pas dans sa juridiction. Comment, dans ces conditions, le maire de Goma a-t-il pu prendre une telle mesure ?
Comme un pied de nez, samedi soir, au même moment où cette mesure était levée, au moins six maisons ont été visitées dans quartier Mabanga nord par des hommes en tenues militaires et armés. Ces derniers ont emporté des biens de valeur et de l’argent.
Dès lors, chacun se rend compte que la mesure prise par le maire de Goma, levée quatre petits jours plus tard, n’aurait eu que peu d’effets sur l’insécurité qui sévit dans la capitale du Nord-Kivu. Il est en effet de notoriété publique que ce sont des militaires et des policiers qui en sont, pour l’essentiel, à l’origine. Un phénomène sur lequel les autorités, provinciales et nationales, civiles comme militaires, ferment les yeux.