Les jeunes des partis politiques membres de la plateforme Ensemble pour le changement se sont mobilisés dans les rues de Goma ce vendredi 31 août au matin. Ils réclament le retour de Moïse Katumbi alors que l’absence d’inclusivité menace de faire exploser le processus électoral en RDC.
Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants à Goma
Les manifestants, banderoles à la main, se sont rendus à pied au quartier général de la MONUSCO ou un mémorandum a été déposé auprès de la mission onusienne en RDC. Le maire de la ville de Goma, régulièrement saisi par les organisateurs, avait en effet autorisé cette marche conformément aux dispositions légales. Quelques semaines plus tôt, l’opposition avait déposé plainte contre lui pour « interdiction sans cause » de ses manifestations alors que celles du pouvoir étaient dans le même temps autorisées.
Peu avant 10 heures ce matin, plusieurs centaines de jeunes se sont regroupés au niveau du rond-point Signers. On dénombrait quelques rares policiers, dont la présence était étonnement discrète compte tenu de la répression dont a fait jusqu’à présent l’objet ce genre d’initiative.
« Je n’irai pas voter si Moïse Katumbi n’est pas candidat », s’exclame, le visage fermé, un jeune conducteur de taxi-moto, la petite trentaine. Cet homme dit ne pas comprendre l’acharnement dont est victime le leader d’Ensemble, rival le plus redouté par Joseph Kabila.
Une dame vendeuse de crédits téléphoniques, qui regarde la foule défiler sous le parapluie qui lui sert à se protéger du soleil, regarde de manière pensive l’effigie de Moïse Katumbi qui orne une banderole. « Même si on le laissait rentrer au pays, est-ce qu’on le laissera se présenter aux éléctions ? », demande-t-elle. Même si elle semble sceptique sur ce point, cette commerçante se dit en revanche sûre d’une chose : elle ne croit pas à l’organisation des élections sans Moïse Katumbi.
Un sentiment largement partagé en RDC comme dans la sous-région et au sein de la communauté internationale. Hier, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a demandé aux autorités RD congolaises de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer le retour de Moïse Katumbi en RDC. Il peut ne pas en tenir compte. Mais « en ne s’y conformant pas, Joseph Kabila aggrave son cas. Et un jour, au moment où il devra rendre des comptes, tout cela fera beaucoup », fait observer un diplomate en poste dans un pays de la sous-région.
Reste que, pour beaucoup en RDC, penser que le processus électoral puisse se dérouler jusqu’au bout comme le président (hors mandat) Joseph Kabila et son entourage l’ont prévu, à savoir en écartant les principaux candidats de l’oppostion (Katumbi, Bemba) et avec la machine à voter et un fichier électoral vicié, est illusoire. «La gronde est trop forte à l’intérieur et les pressions le sont de plus en plus à l’extérieur. On sent que le point de rupture, de bascule n’est plus très proche. La situation en l’état est intenable », a expliqué à ses pairs l’un des chefs d’Etat de la SADC lors de la réunion de Windhoek le 17 août dernier .