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Est de la RDC : Novembre 2019, le mois le plus meurtrier avec 182 civils tués mais des pertes minimes chez les ADF selon le Kivu Security

La présence des FARDC dans le territoire de Beni n'a pas empêché la recrudescence des massacres de civils au mois de novembre 2019 © DR

L’organisme, fruit d’un partenariat entre le Congo Research Group et Human Rights Watch, évalue la situation sécuritaire dans l’est de la RDC (au Nord-Kivu notamment) depuis juin 2017. Dans son dernier relevé, il observe que la plupart de ces crimes sont imputables aux rebelles ADF, qui n’ont subi que des pertes minimes. Une information qui bât en brèche la communication martiale faite par les autorités.

Le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) a enregistré la mort de 182 civils en novembre, ce qui en fait le mois le plus meurtrier depuis juin 2017, date du début des relevés de cet organisme. En particulier dans le territoire de Beni, avec le meurtre de 123 civils par des groupes armés répertoriés par le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

C’est la première fois depuis le début du projet, en juin 2017, qu’une série de massacres d’une telle ampleur est enregistrée dans le territoire de Beni, relève l’organisme. C’est aussi probablement le mois le plus meurtrier dans sur ce territoire depuis celui de novembre 2014, au cours duquel 149 civils avaient été tuées selon un rapport du Groupe d’études sur le Congo (GEC), fait-il observer.

La plupart des massacres commis en novembre 2019, note le Kivu Security, ont eu lieu sur la route entre Beni et Eringeti et les ADF sont responsables dans leur immense majorité. Le KST a pu identifier les ADF comme perpétrateur dans 15 des 17 massacres perpétrés par des groupes armés dans ce territoire. Les deux restants ont été commis par des groupes inconnus qui pourraient être également les ADF.

Ces massacres sont très vraisemblablement une réponse aux opérations déclenchées par les forces armées de RDC (FARDC) le 30 octobre. Celle-ci affirme avoir démantelé de nombreuses bases des ADF. Le KST a pu vérifier la conquête de celle de Mapobu, que les experts de l’ONU pour la RDC avaient identifiés comme un des centres névralgiques du groupe dans leur dernier rapport. Néanmoins, dans cette confrontation, les pertes des ADF semblent avoir été minimes en novembre. Une information qui vient contredire la communication martiale faite par les autorités au sujet de ces opérations.

Ces massacres de civils ont provoqué d’importantes manifestations à partir du 22 novembre, principalement dirigées contre la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), accusée de passivité. Son camp de Boikene, à Beni, a été en partie détruit par les émeutiers. La répression de ces manifestations a, à son tour, fait 9 victimes civiles à Beni et Butembo, selon les données recueillies par le KST. Au moins un de ces civils semble avoir été tué par un casque bleu malawite de la Brigade d’intervention de la Force de la Monusco (FIB). Une enquête de l’ONU a été ouverte à ce sujet.

Pour ne rien améliorer, la situation sécuritaire très dégradée sur ce territoire risque de provoquer une recrudescence de l’épidémie d’Ebola, note le Kivu Security.

Deux autres foyers de tensions ont été particulièrement actifs en novembre : les territoires de Rutshuru et Kalehe d’abord, suite à l’offensive menée par les FARDC contre les rébellions hutu rwandaises ; les hauts plateaux de Mwenga, Fizi et Uvira ensuite, dans lesquels les civils sont régulièrement pris pour cible, relève également le très informé Security Kivu.

Le rapport du Kivu Security est disponible ici.