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En 2020 en RDC, critiquer l’action du chef de l’Etat peut valoir d’être jeté en prison

Critiquer l'action du chef de l'Etat en RDC n'est pas sans risques, y compris en 2020 comme a pu le mesurer Luc Malembé, porte-parole de la coalition Lamuka en Ituri © DR

Luc Malembé N’kuru l’a appris à ses dépens. Le porte-parole de la coalition d’opposition Lamuka à Bunia, en Ituri, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, a été placé ce weekend en détention provisoire à la prison centrale de Bunia.

Les choses n’ont pas traîné. Arrêté jeudi après avoir été convoqué par les services de renseignement, transféré devant le Parquet vendredi, Luc Malembé a été mis aux arrêts à la prison centrale de Bunia.

Son crime : avoir osé critiquer l’action du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à la tête du pays depuis un an. Des propos que le procureur considère être un outrage au chef de l’État, ce que réfute totalement son avocat, Maître Rodrigue Kubuya.

« En date du 24 janvier 2020, à l’occasion d’une année au pouvoir du président actuel, les journalistes lui ont tendu le micro pour lui demander son point de vue en tant que coordonnateur du mouvement Lamuka. Il a essayé de montrer que c’était une année ratée et que [du fait de ] l’alternance on attendait du changement du mode de vie des Congolais (…) Et c’est [sur la base] de ces déclarations que le ministère public a estimé qu’il a outragé ou qu’il a offensé le chef de l’Etat, a déclaré Me Kubuya sur RFI qui dément formellement tout « outrage ».

« C’est le retour de la judiciarisation de l’opposition politique comme du temps de Joseph Kabila »

Du côté d’Ensemble, la formation de l’opposant Moïse Katumbi, on se dit inquiet face à cette situation, à l’image d’Oscar Rachidi Akida, conseiller aux droits de l’Homme. « Lors de l’arrivée de Félix Tshisekedi à la Présidence, il y a eu des changements positifs avec la libération de prisonniers politiques et le retour des exilés. Mais ces derniers mois, on a l’impression que le climat se crispe à nouveau », explique-t-il. « Le cas de Luc Malembé montre qu’en 2020 en RDC critiquer non pas la personne du chef de l’Etat mais ne fut-ce que son action du chef de l’Etat peut vous valoir d’être jeté en prison. Mais il y a d’autres cas inquiétants comme celui du député de Kinshasa Mike Mukebay en prison lui aussi depuis six mois pour avoir critiqué le président de l’Assemblée provinciale », ajoute Oscar Rachidi Akida pour qui « cette accumulation de cas commence à devenir inquiétante. C’est le retour de la judiciarisation de l’opposition politique comme du temps de Joseph Kabila », déplore-t-il.