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Butembo : attaque d’un camp militaire, la société civile avait pourtant donné l’alerte

Des miliciens Maï-Maï ont défilé nus dans les rues de Butembo dimanche 16 septembre © DR

La ville commerciale du Nord-Kivu s’est réveillée vendredi 21 septembre au son de coups des feu. Le camp militaire de Rwenda, situé non loin de l’aérodrome de Butembo, a été la cible d’une attaque tôt le matin. La société civile soupçonne les miliciens Mai-Mai d’en être à l’origine. 

Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants au Nord-Kivu

Les forces armées de la RDC n’ont pas hésité à riposter contre les assaillants. L’un d’entre eux serait mort et plusieurs autres auraient été blessés.

Le président de la société civile de Butembo, Edgard Mateso, a indiqué que ce vendredi vers 8 heures du matin, la situation était redevenue normale mais que les écoles sont restées fermées durant la journée entière. Il ajoute que l’identité de ses rebelles demeurent inconnue. « On ne sait pas exactement qui est à l’origine de cette attaque. Tout ce que l’on sait, c’est que les assaillants étaient lourdement armés. »

Un lien avec les Mai-Mai qui ont défilé nus à Butembo dimanche dernier ?

« Beaucoup cependant soupçonnent les miliciens Maï-Maï d’être à l’origine de cette attaque. Les Maï Maï sont des groupes armés locaux. Ils sont apparus lors des rébellions des années 60 à l’est du Congo et tirent leur nom de leur croyance dans les pratiques magiques d’un guérisseur qui, grâce à une potion et une cérémonie d’initiation, les rend invincibles: les balles tirées contre eux se transforment en eau (« maï » en swahili comme en lingala) », explique Marie-France Cros dans la La Libre Afrique.

Y aurait-il un lien entre cette attaque et les événements survenus dimanche dernier à Butembo ? « On ne sait pas vraiment si les assaillants qui ont attaqué le camp militaire ce vendredi ont un lien avec les Mai-Mai qui ont marché nus dans la ville dimanche dernier. Mais nous avions déjà alerté contre les risques d’une probable incursion car il était évident que les Mai-Mai reviendraient pour tenter de libérer les leurs ».

Forces de sécurité dépassées

Selon des sources administratives locales, les forces de défense et de sécurité basées à Butembo auraient réussi à « maîtriser » six des Maï-Maï, dont une femme avec un bébé. Selon ces mêmes sources, ces personnes, qui devraient être traduite en justice, réclamaient le retour de la paix dans la région.

Butembo, à l’instar de larges pans de la province du Nord-Kivu, est en proie à une insécurité endémique contre laquelle les autorités RD congolaises ne semblent pas véritablement lutter. Dans cette localité, la société civile demande depuis longtemps un changement à la tête des services de sécurité. « Butembo est entourée de rebelles et les services de sécurité semblent dépassés par la situation », déplore Edgard Mateso.