Son corps a été retrouvé gisant dans un caniveau, tout habillé et la face contre terre, mercredi 29 août. La piste d’un assassinat politique est privilégiée. Il témoigne du climat extrêmement tendu dans lequel se déroule la pré-campagne électorale en RDC.
C’est dans la nuit de mardi à mercredi qu’Alain Mongali Mundola (Milinganyo) a été assassiné. Son corps a été retrouvé au matin, tout habillé, dans un caniveau, la face contre terre sur l’avenue Kasaï dans le quartier Ndendere, situé sur la commune d’Ibanda dans la ville de Bukavu.
Selon ses proches, la victime rentrait d’une visite chez les parents de sa fiancée. Sur le chemin du retour, il a eu plusieurs conversations téléphoniques avec ses relations. Puis, plus rien, jusqu’à la découverte quelques heures plus tard de son corps sans vie.
Quelques jours auparavant, Alain Mundola avait réuni ses amis pour leur réaffirmer sa volonté de se présenter aux élections législatives nationales, pour lesquelles il avait d’ailleurs déposé sa candidature devant la CENI.
Farouche opposant au régime de Joseph Kabila
« Il était grand temps, selon lui, de renouveler la classe politique car celle-ci s’est montrée incapable de répondre aux préoccupations de la population », confie un de ses proches qui indique qu’Alain Mundola avait très tôt contacté le virus de la politique. « Il était un farouche opposant au régime de Joseph Kabila », précise-t-il, quand bien même la victime été membre du Centre, le parti de l’ex-ministre Germain Kambinga affilié au Front commun pour le Congo (FCC). « C’était purement tactique. Alain ne cachait pas sa sympathie pour l’opposition. De toute façon, ses idées étaient totalement incompatibles avec celles du pouvoir actuel qu’il exécrait », explique l’un de ses amis, affirmant que « de fait, Alain [Mundola] était candidat de l’opposition ».
A l’université de Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu, où il a fait ses études d’agronomie, ses amis confirment qu’il était très influent. Il était en effet le président du Lusu Lega, qui réunit la communauté des Lega (Rega) du Nord-Kivu. Au-delà, l’homme avait un réel charisme et était connu pour ses positions tranchées en faveur de la jeunesse.
Augustin Kastuva, journaliste pour le blog Habari RDC, était l’un de ses amis. Ils s’étaient rencontrés à l’université. « C’était quelqu’un de très ouvert. Il était très engagé en faveur de la jeunesse, comme sur le renouvellement de la classe politique, et il en parlait de manière originale, très loin des discours formaté habituels sur le sujet », se rappelle-t-il.
Un acte d’intimidation pour la société civile du Sud-Kivu
A l’annonce de ce crime, la société civile du Sud-Kivu a aussitôt dénoncé un acte odieux dans lequel elle voit une énième tentative d’intimidation à l’égard de la campagne « Cap vers les élections pour le rajeunissement et le renouvellement de la classe politique en RDC ». C’est d’ailleurs en réponse à cet appel qu’Alain Mundola avait décidé de présenter sa candidature aux élections législatives à Bukavu sous les couleurs de l’opposition. Manifestement, celle-ci n’était pas du goût de tout le monde.
La société civile de Bukavu réclame désormais que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Mais il y a peu de chances que l’enquête sur les circonstances de ce drame n’aboutisse, tant la justice, très liée au pouvoir politique en RDC, souffre d’un manque d’impartialité.
Reste qu’au vu des différents éléments qui ont affleurés ces dernières heures, la piste d’un assassinat politique semble être la plus plausible. Elle contribue à tendre un peu plus le climat déjà très crispé dans lequel se déroule la campagne électorale dans le plus grand pays d’Afrique francophone.