Alors qu’elle a débuté ce lundi 15 octobre partout en RDC, la rentrée académique 2018-2019 dans les universités a été ajournée à Beni (ville et territoire) où les tueries se sont multipliées ces dernières semaines.
C’est une instruction académique du 4 octobre dernier qui a fixé au lundi 15 octobre la date de la rentré universitaire. Aujourd’hui, celle-ci s’est effectuée en bonne ordre partout sur le territoire. Partout, à une exception près. A Beni, dans le Nord-Kivu, où les étudiants devront encore patienter.
Vendredi dernier, les membres de la conférence des chefs d’établissements de l’enseignement supérieur et universitaire, ESU/Beni, se sont réunis en assemblée extraordinaire pour évoquer ensemble l’épineuse question de l’insécurité dont le niveau a encore augmenté ces dernières semaines dans cette localité.
Plus d’une heure plus tard, ils ont décidé de reporter de deux semaines, à compter du lundi 15 octobre, la rentrée académique à Beni en attendant que la situation sécuritaire ne s’améliore, condition nécessaire selon eux pour garantir le bon déroulement des cours.
Dans un communiqué daté du 12 octobre dernier, le professeur José Mulwahali Wambale, président de la sous-conférence des chefs d’établissements de Beni (ville et territoire) s’est dit confiant dans l’amélioration à venir de la situation sécuritaire.
« Nous sommes confiants que l’attention portée par le gouvernement à la situation de Beni et la présence des députés nationaux contribueront à remettre des conditions favorables à la bonne marche des institutions d’enseignement supérieur et univeristaire de Beni », a indiqué le professeur José Mulwahali Wambale. La formule tient cependant sans doute plus de la politesse que de la conviction sincère.
Car la conférence ESU Beni profite de l’occasion pour faire passer un certain nombre de messages. Elle recommande ainsi au gouvernement congolais de diligenter une enquête sérieuse, rapide et indépendante sur la persistance de la violence en ville et territoire de Beni, ainsi que de relever les militaires à tous les niveaux de la chaîne de commandement et d’éxécution qui sont depuis longtemps affectés dans la région, ce qui a fait prendre à certains de bien mauvaises habitudes. La conférence ESU Beni demande enfin la mise en place d’une force spéciale de type Artémis afin de régler la question sécuritaire dans cette partie du pays, les FARDC et la MONUSCO ayant largement montré leur inefficacité.
Des recommandations qui font écho à celles déjà formulées par d’autres organisations au sein de la société civile du Nord-Kivu. De manière plus spécifique, les chefs d’établissements universitaires demandent enfin des moyens supplémentaires, via le bénéfice de subventions et la suppression de certaines taxes, afin de permettre d’enseigner dans de meilleures conditions.
Le lancement officiel de cette année académique a été fait par le ministre de l’enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbiyaki, dans la chefferie de Kaziba en territoire de Walungu, situé à un peu plus de 50 km de la ville de Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu.