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Affaire François Beya : Tshisekedi rentre précipitamment à Kinshasa, les militaires sont déployés partout, la psychose s’empare de la RDC

Poignée de main tendue entre Félix Tshisekedi (à droite) et François Beya (à gauche) © Twitter/Présidence RDC

Depuis samedi, le conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État est entendu par les services de l’Agence nationale de renseignements dirigée par Jean-Hervé Mbelu Biosha. Hier soir, Félix Tshisekedi est rentré précipitamment d’Addis-Abeba où il assistait au sommet de l’UA. Ce dimanche matin, dans les principales villes du pays, en particulier à Kinshasa et à Lubumbashi, on observe un fort déploiement de militaires dans les rues. 

A Kinshasa, où les rumeurs sur une supposée tentative de coup d’Etat bruissent de toutes parts, les militaires, en particuliers les éléments de la Garde républicaine, sont déployés sur les grandes artères comme auprès des bâtiments les plus stratégiques (Palais de la Nation, Palais du Peuple, etc.).

Idem à Lubumbashi. Sous une pluie battante, les éléments de la garde républicaine ont été déployés ce dimanche matin dans le centre-ville.

Ce déploiement fait suite à l’interpellation et à l’audition hier par l’ANR du conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’État, François Beya, en délicatesse avec d’autres piliers du premier cercle du président.

En novembre dernier, Beya avait notamment été chargé de faire la lumière sur un litige minier qui opposait différents membres de l’entourage de Tshisekedi, dont Fortunat Biselele. Sa gestion de ce dossier, très critiquée au sein de l’entourage présidentiel, a marqué le début de sa disgrâce.

François Beya, à qui certains reprochent sa proximité avec Joseph Kabila (il était numéro 2 de l’ANR sous sa présidence), a été dépossédé ces dernières semaines de certaines de ses prérogatives au profit de l’administrateur général de l’ANR, Jean-Hervé Mbelu Biosha, dont il n’a d’ailleurs pas été associé à la nomination en décembre dernier.

« Le remplacement de fait de Beya par Mbelu marque un tournant. Le premier avait un profil mi-politique mi-sécuritaire. Le second est un authentique sécurocrate. C’est un peu, toutes choses égales par ailleurs, le retour à l’ANR telle qu’on la connue sous Kalev », analyse un officier instructeur, spécialiste de l’appareil sécuritaire RD congolais. Le changement s’est aussitôt fait sentir avec le retour des autorisations préalables d’entrée ou de sortie du territoire aux jets privés dévolues à Jean-Hervé Mbelu Biosha. Joseph Kabila et Moïse Katumbi en ont récemment fait les frais. L’un et l’autre ont du attendre plusieurs jours pour quitter la RDC pour rejoindre l’Afrique du Sud pour le premier, la Zambie pour le second.

Fébrilité au sommet du pouvoir

Cet épisode trouble intervient après une autre affaire non moins troublante : celle du saccage par la Garde républicaine du domicile de premier vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund qui avait alors annoncé sa volonté de démissionner.

Kabund, qui est aussi le président par interim de l’UDPS, le parti de Tshisekedi, s’opposait notoirement à des membres de la famille du chef de l’Etat qui lui reprochait de vouloir être « calife à la place du calife ».

Ces déchirements à répétition au sein du pouvoir, exposés sur la place publique, renvoient l’image d’un pouvoir plus que fébrile.

Preuve de cette fébrilité : Félix Tshisekedi, qui avait prévu de passer le weekend à Addis-Abeba pour assister au 35e sommet ordinaire de l’UA, est rentré précipitamment hier soir à Kinshasa.