Depuis le massacre d’une vingtaine de civils et de militaires samedi dernier dans cette localité du Nord-Kivu, les autorités RD congolaises multiplient les condoléances. Or, ce sont des décisions permettant d’enrayer la violence qu’attendent désespérément la population et les organisations de la société civile.
Par Augustin Mosange, l’un de nos correspondants dans le Nord-Kivu
À son arrivé à Beni ce mercredi 26 septembre 2018, le gouverneur du Nord Kivu a tenté de réunir les organisations issues de la société civile de Beni, ville et territoire. Une initiative qui fait suite à une énième tuerie, samedi dernier par de présumés ADF.
C’est peu dire que les paroles prononcées par Julien Paluku n’ont guère convaincu la société civile. Compte tenu de la gravité de la situation, Kizito Bin Hangi, vice-président de la société civile de Beni aurait préféré discuter avec d’autres responsables.
« Il est normal que le gouverneur provincial vienne à Beni pour présenter ses condoléances, c’est le minimum. Mais ce que nous voulons, c’est discuter avec le chef d’état-major général des FARDC, ainsi qu’avec les ministres de l’Intérieur et de la Défense », a déclaré Kizito Bin Hangi.
« Pourquoi tant de massacres à Beni. Et pourquoi cela dure depuis aussi longtemps ? »
Le rapporteur de la société civile de Beni territoire se montre, lui, plus intransigeant. Lewis Saliboko ne veut pas entendre parler de condoléances car les mots, selon lui, ont tendance à se substituer aux actes que les autorités RD congolaises auraient dû prendre il y a déjà bien longtemps.
« Nous n’avons plus besoin de condoléances de la part du gouverneur ou de qui que ce soit, nous voulons rencontrer le chef d’état-major pour que l’on se dise la vérité en face », explique-t-il, car selon lui,« on multiplie les opérations. Mais on en a jamais évalué l’efficacité et c’est là le problème ». Et celui-ci de s’interroger : « pourquoi tant de massacres à Beni. Et pourquoi cela dure depuis aussi longtemps ? Il faut qu’on se dise la vérité en se regardant droit dans les yeux. »